Dans [SELF]INSERTIONS, José Crúzio et Isabel Pérez del Pulgar s’attaquent aux points de vue différents et ambivalents de l’identité – en tant que valeurs esthétiques, sociales et idéologiques – et interrogent la place du soi au sein des relations collectives.
Au-delà d’une classique interaction, sons et images – travaillées en footage, notamment par l’usage de la pellicule comme icone – sont traversés ; leur substance même s’en trouve modifiée, transformée et elle aboutit à la représentation audible d’un individu – l’artiste vidéaste et performer, José Crúzio. Le son est travaillé de manière expressive en associant diverses pistes sonores collectées et travaillées – bruits de café, ambiances de parc, radio, machines, discours, etc. – à des images morcelées du visage du performer. Loin d’une cacophonie, s’y entend un discours de Johan Galtung, connu pour ses travaux sur la paix et la non-violence, qui défend la prise de position individuelle pour atteindre la résolution de conflits, en opposition à la réunion collective de toutes les parties impliquées. Ce discours entre en résonance avec le morcellement d’un visage révélant son unité et sa cohérence. Les images détaillent chacune de parties, des yeux à la bouche, et bien qu’elles ne montrent jamais le corps, elles témoignent d’une corporéité sensible, expressive.
Dans [SELF]INSERTIONS, José Crúzio et Isabel Pérez del Pulgar ne « négocient[1] » pas, ne font pas de « compromis[2] », ils assument le choix de placer l’individualité au centre de leur travail – voire au-delà, du monde de l’Autre – et parviennent à une présence sensible.
Anouk Mignot